LA TENTURE DE L'APOCALYPSE
La Tenture de l’Apocalypse, au château d’Angers
La Tenture de l’Apocalypse, chef-d’œuvre de l’art médiéval, est une représentation de l’Apocalypse de Jean commandée par le duc Louis Ier d’Anjou et réalisée entre 1373 et 1380.
La Tenture de l’Apocalypse illustre les visions que l’apôtre et évangéliste saint Jean reçut vers l’an 96 et consigna dans un livre intitulé L’Apocalypse, dernier texte du Nouveau Testament.
Il s’agit du plus important ensemble de tapisseries médiévales existant au monde, d’une longueur totale de plus de 140 mètres dont 100 mètres nous sont parvenus. Elle couvrait à l’origine une surface totale de 850 m².
La tenture présente six pièces successives mesurant chacune 23,5 mètres de long sur 4,50 mètres de haut, découpées chacune en 14 tableaux, réalisée d’après des cartons de Hennequin de Bruges.
La technique utilisée mêle fils de laine, d’or et d’argent. L’envers de la tapisserie ne montre aucun nœud et offre au regard des restaurateurs contemporains des couleurs préservées.
Cet ensemble de tapisserie fut légué à la cathédrale d’Angers par le roi René au XVe siècle .
Après plusieurs siècles de dégradations et particulièrement à l’époque révolutionnaire, la tenture fut mise en vente puis morcelée au XVIIIème siècle. Elle fut partiellement recomposée au milieu du XIXe siècle, sous la houlette du chanoine Joubert, puis conservée et exposée dans le musée de la Tapisserie de l’Apocalypse sur le site du château d’Angers, dans une galerie construite à cet effet et ouverte en 1954.
Pendant la Révolution des éléments de la tapisserie servirent à protéger du froid les orangers de l’abbaye Saint-Serge, comme couverture pour chevaux, comme paillasson de la sacristie du couvent des sœurs de la Sagesse, pour masquer les dégradations dans les murs de la cathédrale Saint-Maurice, ou comme toile d’emballage. Le chaisier de la cathédrale raconta que l’évêque d’Angers la récupéra en 1806 : « Monseigneur l’avait envoyé avec son cocher les chercher au musée. Monsieur Grille les rendit, mais en quel état. Déposées en un endroit humide, trouées, elles se déchiraient entre les mains qui passaient au travers ».
Le tissage de l’œuvre fut réalisé par les ateliers du marchand lissier Nicolas Bataille à Paris, le lissier le plus renommé de l’époque.
Nicolas Bataille la fit fabriquer vraisemblablement à Paris dans les ateliers de Robert Poinçon, d’après les cartons de Hennequin de Bruges, peintre attitré du roi de France Charles V.
La Tenture de l’Apocalypse est une tapisserie dite « sans envers » : tous les arrêts sont cachés, ce qui donne un résultat parfait des deux côtés.
Généralement conservé à l’abri des regards comme un trésor, cet ensemble de tapisseries de prestige n’était présenté que pour des occasions exceptionnelles, tel le mariage en Arles de Louis II d’Anjou et Yolande d’Aragon.
Engagé dans la guerre de Cent Ans face aux Anglais puis régent du royaume de France, Louis Ier d’Anjou nous permet de mieux comprendre son ambition politique à travers la symbolique de l’Apocalypse.
La Tenture de l’Apocalypse est un document unique en son genre quant au contexte historique, social et politique de la deuxième moitié du XIVème siècle, alors que les hommes et femmes subissaient famines, épidémies et guerres.
voir : le château d’Angers
Photographies de la Tenture de l’Apocalypse : Kimon Berlin, user:Gribeco, CC BY-SA 3.0 <http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/>, via Wikimedia Commons / medieval, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons / Remi Jouan, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons / Jean-Pierre Dalbéra from Paris, France, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons